14.05.11

À QUOI TU PENSES ?
(3 x 9 lignes de 41 signes avec espaces.)

01. à quoi tu penses ?
je pense que faute de la grive jadis ouïe
à montboissier, le « gazouillement », son
« son magique », ici tous les matins, par
les oreilles je mange un merle – lorsque,
depuis la grosse trogne de l’arbre qui au
volet va houlant, il expulse à six heures
une par une ses cascatelles (chemin de t*
j’en ois, dans les pyracanthas, je compte
peu d’ans mais depuis les heures fuient).

02. à quoi tu penses ?
je pense que chemin de t* ces merles sont
briffauds, qu’ils assaillent dans l’arbre
nos cerises ; nos fraises au brouillamini
des fraisiers ; qu’à défaut de s’entendre
à finir ils confèrent aux fruits des airs
de plaie béante – quant à nous l’on devra
se satisfaire de pêches au pêcher, sauves
mais à la farine, de poires pierreuses et
l’affût cru du noisetier plein l’automne.

03. à quoi tu penses ?
je pense qu’il reste à dire : ce verdier,
que le chat croque ; un rouge-gorge, dont
d’un an l’autre on se fait accroire ainsi
que pour le couteau de jeannot, qu’il est
toujours le même ; les alouettes essorées
dans le plafond peint céruléen des étés ;
les faisanes s’enlevant des accotements –
lourdes comme des soupières - ; ce pigeon
vers la chair drue et sang de pivoines...

[illustration : agence eureka]

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