(un poème de métro)
* j’ai faute d’eau fait une toilette de chat, mon retard m’enrage, la chaleur est accablante (je sens m’agiter de grandes fulminations).
* pour un peu je rognonne. je pousse pour un peu la rame à pleins bras ; je cours devant.
* une négresse formidable — à son âge, celui du congo belge ou bien du dahomey, ma mère sur le billot ne dirait jamais nègre.
* mais elle peut dire négresse sans jamais mal y voir.
* car du début je suis d’une autre ère, aussi je sais chanter la négresse qui buvait du lait, je sais ravaja la mouquère.
* à trente-cinq ans de là m’en voici lancinée, outrée de l’être et toujours tempêtant — les campagnes d’afrique / j’en ai ras le dos.
* je sais, charriées depuis un autre temps, les semelles articulées des socques et puis la peau d’un chat contre les rhumatismes.
* je sais qu’on peut à quatorze ans voir ballotter une camionnée de boches morts, s’en réjouir et sitôt s’épouvanter de s’en être réjouie.
* [hors celle de f* je hais les écritures rondes — la jeune fille face à moi gâche plein ses feuilles son encre — je leur préfère mes âpres et tout petits poinçons, je leur préfère ma méchanceté.]
* je sais qu’on peut à quatorze ans cuver parmi la paille des chevaux descendus l’œil bandé dans la mine.
* [la station est fermée pour travaux — d’où, ce goût que j’en conçois, le fleur fantasmé du ciment ? — du trou d’homme où j’allais rêvasser enfant pour le nom qu’on lui donne.]
* je sais de temps très loin que sous l’occupation l’on peut obtenir du vinaigre dont une goutte suffit à blanchir effrayamment le plancher — qu’impérieux le pharmacien confisquera la bouteille.
* je sais devoir dans dix minutes endurer de brefs discours sur la presbytie naissante : je vais au fond cheminant vers l’âge qu’on m’a consenti du début.
* mon retard m’enrage, je fomente une excuse : « j’ai eu un p(r)o(bl)ème de métro. »
* j’ai faute d’eau fait une toilette de chat, mon retard m’enrage, la chaleur est accablante (je sens m’agiter de grandes fulminations).
* pour un peu je rognonne. je pousse pour un peu la rame à pleins bras ; je cours devant.
* une négresse formidable — à son âge, celui du congo belge ou bien du dahomey, ma mère sur le billot ne dirait jamais nègre.
* mais elle peut dire négresse sans jamais mal y voir.
* car du début je suis d’une autre ère, aussi je sais chanter la négresse qui buvait du lait, je sais ravaja la mouquère.
* à trente-cinq ans de là m’en voici lancinée, outrée de l’être et toujours tempêtant — les campagnes d’afrique / j’en ai ras le dos.
* je sais, charriées depuis un autre temps, les semelles articulées des socques et puis la peau d’un chat contre les rhumatismes.
* je sais qu’on peut à quatorze ans voir ballotter une camionnée de boches morts, s’en réjouir et sitôt s’épouvanter de s’en être réjouie.
* [hors celle de f* je hais les écritures rondes — la jeune fille face à moi gâche plein ses feuilles son encre — je leur préfère mes âpres et tout petits poinçons, je leur préfère ma méchanceté.]
* je sais qu’on peut à quatorze ans cuver parmi la paille des chevaux descendus l’œil bandé dans la mine.
* [la station est fermée pour travaux — d’où, ce goût que j’en conçois, le fleur fantasmé du ciment ? — du trou d’homme où j’allais rêvasser enfant pour le nom qu’on lui donne.]
* je sais de temps très loin que sous l’occupation l’on peut obtenir du vinaigre dont une goutte suffit à blanchir effrayamment le plancher — qu’impérieux le pharmacien confisquera la bouteille.
* je sais devoir dans dix minutes endurer de brefs discours sur la presbytie naissante : je vais au fond cheminant vers l’âge qu’on m’a consenti du début.
* mon retard m’enrage, je fomente une excuse : « j’ai eu un p(r)o(bl)ème de métro. »
7 commentaires:
C'est nous les Africains
Qui revenons de loin
Nous venons des colonies
Pour sauver la Patrie
Nous avons tout quitté
Parents, gourbis, foyers...
moi aussi tout m'impressionne ici Daniele
Je dis "chapeau".
C'est magnifique.
O.
Quel joli jou-jouet, que le métro quand même...
Un grand merci, les mecs et les mecquesses.
C'est beau.
Un lai de tram ça peut être bien aussi...
La beauté des lais, des lais...
Hélas par ici, bof : c'est drôle de tram.
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